14 octobre 2015-14 octobre 2017: deux ans déjà que nous à quitté Feu Général Mathieu KEREKOU (retour
- Guillaume de SOUZA
- 14 oct. 2017
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Le temps passe mais le souvenir du grand camarade de lutte reste à jamais gravé dans les mémoires des béninois. Deux ans déjà que s’est éteint à l’âge de 82ans dans ses résidences des filaos, le Général Mathieu KEREKOU, ex Président de la République du Dahomey puis du Bénin. La nouvelle tel un violent coup de massue avait suscité un grand émoi chez l’ensemble des béninois. La grandeur de l’homme lui avait valu des hommages nationaux par le Peuple béninois du 09 au 12 décembre 2015. L’inhumation du grand homme d’Etat a eu lieu le 12 décembre 2015 en partance de Cotonou, avec escales dans certaines de nos villes principales pour permettre aux populations du Bénin profond de lui rendre hommage jusqu’à Natitingou où il repose désormais selon son ultime volonté auprès de sa chère Maman et de son frère.
Feu Général Mathieu KEREKOU a été à tout point de vue un béninois exceptionnel qui, diversement, aura marqué ses compatriotes, toutes générations confondues. Né le 2 septembre 1933 à Kouarfa dans la commune de Toukountouna dans l’Atacora, L’homme de la révolution était arrivé au pouvoir par un coup d’Etat militaire le 26 octobre 1972. Grand Camarade de lutte, il a ouvert le ballet de la conférence des forces vives de la nation en Afrique et a totalisé 29 ans de pouvoir. La richesse de la biographie de ce grand homme d’état, véritable artisan de la paix mérite qu’on s’y attarde un peu, en ce jour souvenir de son décès.
Vie militaire
Après avoir étudié dans des écoles militaires au Mali et au Sénégal, Mathieu KEREKOU sert d'abord dans l'armée française puis dans l'armée du Dahomey où il obtient le grade de major. Il prend le pouvoir lors d'un coup d'État le 26 octobre 1972, à la suite de quoi, il fait mettre en prison les trois précédents présidents. En 1975, il renomme le pays République populaire du Bénin et met en place un gouvernement marxiste-léniniste surveillé par le Conseil national de la révolution (CNR). Il mène une politique de répression contre tous les opposants au régime et surtout contre les intellectuels, dont beaucoup ont dû se réfugier à l'étranger. Il entreprend parallèlement une vague de nationalisations de banques et de l'industrie pétrolière.
Carrière politique
Mathieu Kérékou est une première fois le chef de l'État béninois du 26 octobre 1972 au 4 avril 1991. Le 26 octobre 1972, il prend le pouvoir à la faveur d'un coup d'État, lorsque l'armée dissout le Conseil présidentiel ainsi que l'Assemblée nationale. En 1974, il adopte le marxisme-léninisme comme idéologie officielle de gouvernement, et crée le Parti de la révolution populaire du Bénin, destiné à gouverner en tant que parti unique. Un an plus tard, le pays abandonne le nom officiel de République du Dahomey pour adopter celui de République populaire du Bénin. Dans les années 1980, la situation économique du Bénin devient critique, et le pays doit négocier des accords contraignants, notamment avec le FMI. Dans le contexte de la mutation démocratique de l'Europe de l'Est, Mathieu KEREKOU comprend peu à peu que le temps est venu de procéder à une évolution politique de son pays. Fin 1989, il accepte de convoquer une "Conférence Nationale" destinée à établir de nouvelles institutions. Il doit pour cela se libérer des contraintes que font peser sur lui les cadres de son parti. KEREKOU est ainsi le premier président du continent à ouvrir la voie au multipartisme sous la pression des événements, après avoir dirigé le pays pendant 18 ans de manière autoritaire. En janvier 1990, la Conférence Nationale décide de changements drastiques (période de transition d'un an puis élections libres, nomination d'un Premier Ministre etc.). Mathieu KEREKOU, le jour de la clôture de la Conférence en accepte toutes les conclusions. Il laisse un pays en mauvais état économique, mais vient de démontrer qu'il avait su engager avec habileté un processus démocratique, le premier en Afrique. Nombreux ont été les Béninois à encourager et imaginer les conditions politiques de cette évolution qui eût pu, si elle avait été mal préparée, conduire au chaos. À cet égard, il faut souligner le rôle exceptionnel de l'Archevêque de Cotonou Isidore de SOUZA. Et quelques mois plus tard, lors de son discours de La Baule, François Mitterrand prendra l'exemple du Bénin pour encourager le continent africain à entamer les mutations politiques souhaitables.
Mathieu KEREKOU sera battu lors de l'élection présidentielle de 1991 par Nicéphore SOGLO. Durant sa traversée du désert politique, il renonce à l'athéisme et devient pasteur évangélique. Puis, il revient au pouvoir à la suite d'élections démocratiques le 4 avril 1996; il est réélu en mars 2001. Il est un des premiers à mettre à contribution pour organiser sa communication électorale le publicitaire ivoirien Fabrice Sawegnon. Il n'a pas pu se représenter à la fin de son mandat en 2006.
Durant ses deux mandats de 1996 à 2006, le président KEREKOU a respecté de manière stricte la séparation des pouvoirs. Ainsi, la liberté de presse sous son règne a permis au Bénin de se hisser au deuxième rang au niveau africain, et parmi les meilleurs sur le plan mondial.
Contrairement à d'autres chefs d'État africains, sous la pression des médias, des intellectuels et de l'opinion publique, KEREKOU n'a pas pu modifier la Constitution qui limite l'âge auquel il est possible d'accéder à la présidence ainsi que de briguer plus de deux mandats.
Peu avant le scrutin et après les résultats du premier tour, KEREKOU avait laissé planer un doute sur sa régularité, non confirmé par les observateurs internationaux, ce qui pourrait laisser suggérer quelques réticences de ce dernier à abandonner le pouvoir. Néanmoins, les élections de mars 2006 se déroulèrent normalement, et l'élection de Thomas Boni Yayi mettra fin à trente années de pouvoir de Mathieu KEREKOU.
L’attelage de paix et de démocratie qu’il nous a laissé en héritage fait de notre pays l’un des plus stable et à grand potentiel de développement de la sous région et le meilleur des hommages qu’on pourrait lui rendre aujourd’hui serait de continuer par prendre grand soin de ce précieux legs.
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